Crazy Kung-Fu
Chine, 2004
Titre original : Kung Fu
Réalisé par Stephen Chow
Avec Stephen Chow, Wah Yuen, Qiu Yuen
Genre : Comédie, Action
★★★★★
Dans le Shanghaï des années 40, un apprenti gangster souhaite rejoindre le Gang des Haches, qui revendiquent un quartier défendu par des habitants aux surprenants pouvoirs.
Mondialement connu pour le délirant Shaolin Soccer, Stephen Chow remet le couvert et réunit les ingrédients les plus savoureux du rire et de l’action au service d’une réalisation enthousiasmante.
La recette de Crazy Kung-Fu est aussi simple qu’efficace, et repose sur trois éléments incontournables. Des personnages aussi surprenants qu’improbables qui ne sont jamais ceux que l’on nous présente (sans prétendre à l’exhaustivité on retiendra une épouse véloce et irascible, un tailleur follement efféminé, ou encore un chef de gang à lunettes cerclées d’or parfaitement caricatural). Des scènes d’action à la fois intelligentes (dans l’hommage désuet qu’elles livrent aux comédies kung-fu des années 70) et audacieuses (grâce à Yuen Woo Ping, chorégraphe notamment de Matrix, Kill Bill et Tigre & Dragon). Et bien sûr un sens de la comédie souvent potache largement assumé, qui associe habilement gags fauchés et cocasseries à répétition.
Mais le meilleur est à venir. Car ces trois atouts n'auraient pas la même valeur s’ils n’étaient imbriqués avec autant de soin et d’équilibre. C’est en jouant la complémentarité des caractères bien trempés, de l’action et du rire que Stephen Chow réussit son coup : le film ne laisse pas une minute de répit et entraîne le spectateur dans une aventure qu’il n’oubliera pas. Et si les technologies modernes facilitent l’élaboration de scènes spectaculaires, il faut saluer le choix volontaire d’effets spéciaux limités, garant d’une spontanéité et d’une fraicheur bienvenues.
Malgré quelques insuffisances (notamment le rôle sous-exploité de la jeune vendeuse de glaces), Crazy Kung-Fu se révèle être une réussite sur tous les plans et se pose en référence d’un genre renouvelé. Notons, cerise sur le gâteau, la savoureuse dérision adressée aux blockbusters hollywoodiens.