Le Mont Fuji et La Lance Ensanglantée

Publié le par Guillaume Vanneste

Japon, 1955Bloody-spear-poster.jpg
Titre original : Chiyari Fuji
Réalisé par Tomu Uchida
Avec : Chiezo Kataoka, Ryonosuke Tsukigata
Genre : Action, drame















Synopsis – Un maître se rend à Edo, la capitale, accompagné de ses deux serviteurs, Genta et Gonpachi, chargé de porter la lance. D'apparence sage, le maître se montre imprévisible s'il boit trop. Ses serviteurs devront veiller sur lui tout au long du voyage.

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Critique – Tomu Uchida fait partie de ces réalisateurs méconnus, passés dans l'ombre de réalisateurs que la presse et les mémoires ont mis sur le devant de la scène. Heureusement, la sortie d'un coffret DVD et une rétrospective  viennent dépoussiérer son œuvre avec intelligence.

Le Mont Fuji et La Lance Ensanglantée surprend d'abord par la qualité de son image, vieille de plus d'un demi-siècle, et pourtant d'un contraste saisissant. Le noir et blanc sublime le soin apporté aux plans tout en offrant l'atmosphère d'un passé sombre et que l'on pense immuable.

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Historiquement, la reconstitution est honnête : l'autorité du samouraï est respectée, la femme reléguée à un plan très secondaire, et bien sûr le saké fait honneur à sa réputation. Mais les apparences sont trompeuses : certes le maître perd son sang-froid après quelques verres, mais il sait aussi valoriser le rôle de ses serviteurs et les défendre face à l'insulte. C'est d'ailleurs Gonpachi, le lancier bourru mais sensible, qui s'impose à l'écran, tantôt bienveillant envers un orphelin, tantôt acharné contre les assaillants de son maître.

Si le rythme du film se cale sur celui de la marche, lent et entrecoupé de pauses, c'est que l'action se concentre en un final au dynamisme surprenant. La théâtralité envahit l'écran à travers des combats acérés mais sait aussi s'infiltrer, discrètement, par des touches burlesques bienvenues.

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Au final, Tomu Uchida présente une vision faussement sage de la société féodale, et sa critique latente se contruit par notes prudentes mais sûres. Reste une mise en lumière assumée de valeurs éternelles : l'honneur, la fidélité, le courage. Assurément, Uchida mérite d'être redécouvert.

Publié dans Action

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