Ivre de Femmes et de Peinture

Publié le par Guillaume Vanneste

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Corée du Sud, 2001

Titre original : Chi-hwa-seon
Réalisé par Im Kwon-teak
Avec Choi Min-sik (Shiri, Old Boy, Lady Vengeance, Failan), Ahn Sung-kee (Arahan), Yu Ho-jeong (Je Suis un Cyborg)
Genre : Drame
★★★
Corée, deuxième moitié du XIXe siècle. Une époque trouble, un pays instable, un peuple soumis. Au milieu, « Ohwon » Jang Seung-up, un peintre dont la maîtrise artistique n'a d'égale que sa passion de l'alcool et des femmes.

 

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Im Kwon-taek, malgré une centaine de films depuis 1962, ne se fait connaître en Europe qu'au début des années 2000. A la projection d'Ivre de Femmes et de Peintures, on se rend rapidement compte du talent dont on s'est privé depuis tant d'années.

 

Très vite, Ohwon comprend qu'il n'est pas comme les autres. Toute sa vie, des personnes bien ou mal intentionnées s'emploieront à le faire rentrer dans le moule exigu de la norme sociale et culturelle. Il fait le dur apprentissage des règles, sous l'œil rigoureux des maîtres qui cachent derrière leur autorité polie une inavouable stupéfaction face à ses dons. L'élève prend le dessus sur ses mentors, et de copiste reconnu il devient le génie que l'on copie et dont les plus grands s'arrachent les œuvres. Sa peinture est à son image : unique, puissante, imprévisible.

 

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La vie d'Ohwon – et par conséquent la vision que nous en livre Im Kwon-taek – est un parcours initiatique. Sur la longue route du succès, l'ivresse n'est pas faite que de peinture, mais aussi de femmes et d'alcool. Ce triptyque catalyse, mêle et fait éclater les passions : gloire, échec, joie, tristesse. Ohwon passe de l'un à l'autre, son être comme son pinceau est en mouvement permanent, et ce mouvement de l'âme, immodéré, fait écho à celui du corps, qui jamais ne trouve sa place. Le roturier est courtisé par les nobles en raison de son talent, mais il n'en reste pas moins indigent, obligé à errer, fuir, se cacher.

 

Choi Min-sik excelle dans ce rôle d'artiste bohème, alcoolique et colérique, qui admire les femmes autant qu'il les craint. Sa prestation physique conjugue habilement flegme et déchainement, rendant le personnage incomparable pour son époque et son milieu.

 

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L'indescriptible puissance d'Ivre de Femmes et de Peinture est dans la correspondance-même entre l'œuvre du peintre et celle du réalisateur. On ne compte plus les plans majestueux d'une beauté rare, que l'on prendrait pour des tableaux si le vent ne venait agiter les cerisiers en fleurs, si une silhouette sombre ne s'y mouvait. Jang Seung-up envahit littéralement le film, et Im Kwon-taek de fondre en un furieux panorama l'art, l'artiste, et l'émotion.

Publié dans Drame

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